- allégoriser
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⇒ALLÉGORISER, verbe trans.I.— Emploi trans.A.— Exprimer, représenter allégoriquement (des hommes, des choses ou des not. abstr.) :• 1. Le Sauvage personnifie les arbres, les fleurs, les rochers, mais il n'allégorise pas les temps.F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Études historiques, 1831, p. LIX.• 2. Alors, le saphir représente les aspirations élevées de l'âme, la calcédoine, la charité; la sarde et l'onyx, la candeur; le béryl allégorise la science théologique; l'hyacinthe, l'humilité, tandis que le rubis apaise la colère, que l'émeraude lapidifie l'incorruptible foi.J.-K. HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 215.B. THÉOL. Expliquer par allégorie. Les Pères de l'Église ont allégorisé presque tout l'Ancien Testament (Ac. 1798-1932).— Emploi abs. :• 3. ... il est toujours obligé d'expliquer à ses disciples le sens interne de ses paroles. Les Esséniens avaient au plus haut degré l'habitude d'allégoriser : Jésus allégorise; mais ses disciples, qui ne sont pas formés à ce langage, entendent difficilement la métaphysique de leur maître.P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, pp. 775-776.II.— Emploi pronom. (avec valeur passive), rare. Être représenté allégoriquement :• 4. L'Amour avec la Mort en sa fleur rose ou noire,S'allégorise aussi de romarin ou d'if.H. DE RÉGNIER, Poèmes anciens et romanesques, 1890, p. 265 (1031).Prononc. ET ORTH. :[
] ou [all-], j'allégorise [
(l)
]. Le verbe est transcrit avec [l] simple ds PASSY 1914, avec [ll] double ds Harrap's 1963 (pour [l] et [ll] ds les dict. du XIXe s., cf. allégorie). — Rem. FÉR. 1768 écrit, s.v. allégoriser : ,,Rousseau, le poète, dans la préface de ses œuvres, se sert d'allégoriser au lieu d'allégoriser.``
Étymol. ET HIST. — 1. 1404 « expliquer dans un sens allégorique, interpréter en tant qu'allégorie » part. passé adj. (CHR. DE PISAN, Charles V, III, ch. 12 ds LITTRÉ : Si comme la Bible, en trois manieres, c'est assavoir le texte, et puis le texte et les gloses ensemble, et puis d'une autre maniere allégorisée); 2. 1578 « parler par allégories » (H. ESTIENNE, Deux Dialogues du nouv. lang. françois italianizé, I, 137 ds DG : Vous triomphez d'allégoriser).Empr. au lat. chrét. allegorizare, attesté à l'emploi 1 dep. Tertullien (Adv. Marc., 4, 17, 201 ds TLL s.v., 1672, 35 : quae Christus in homines allegorizavit).STAT. — Fréq. abs. litt. :10.BBG. — BÉL. 1957. — LAV. Diffic. 1846.allégoriser [a(l)legɔʀize] v. tr.ÉTYM. 1578; p. p. allégorisé, 1404; de allégorie.❖♦ Littéraire ou didactique.1 Expliquer allégoriquement (qqch.). || Les Pères de l'Église ont allégorisé presque tout l'Ancien Testament (Académie).2 Représenter (des choses, des notions abstraites) de manière allégorique.0 Mais nous avions oublié la littérature peu à peu disparue qu'elle (l'Académie) avait accueillie à bras ouverts et qu'allégorise le rival de Flaubert en 1857 : Octave Feuillet.Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 10.♦ Absolt. S'exprimer par allégories. || Allégoriser abusivement dans un poème.❖DÉR. Allégorisation, allégoriseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.